Largement reconnu à l'origine de nombreux maux dans nos sociétés actuelles, le stress reste un spectre multifactoriel face auxquelles nous sommes souvent démunis.
Pour lui trouver des antidotes, commençons par le comprendre.
Selon l'anglicisme "distress", le stress signifie une réaction de l'organisme à une agression, un choc physique ou nerveux, selon l’étymologie française "estress"(étroitesse, oppression) il signifie une situation de tension nerveuse excessive, traumatisante pour l'individu.
Ce concept est introduit en médecine dans les années 30 par l'endocrinologue Hans Selye, lorsque celui ci cherche à comprendre ce qui se déclenche chez les patients qui semblent malade sans en connaitre la raison. Il réussit à démontrer comment les hormones corticosurrénales sont mises en circulation lors d’agressions violentes de l’organisme face aux agressions environnementales de toute nature. Ce diagnostique appelé "le syndrome général d’adaptation" met en avant « l’ensemble des modifications qui permettent à un organisme de supporter les conséquences physiopathologiques d’un traumatisme»(3).
Dans un premier temps le stress est une réponse à des besoins spécifiques comme par exemple réagir au froid en produisant de la chaleur, mais aussi une réponse à des besoins physiologiques pour maintenir les constances du corps tels que la température corporelle, la pression artérielle, l’ensemble des liquides dans l’organisme. Cette réponse disparaît quand la situation de stress prend fin.
A la lumière de cette définition, le stress est nécessaire à l'équilibre du corps. Comme l’a évoqué Walter Bradford Cannon, le corps n'est stable que parce qu' il est modifiable.
Mais alors, comment le corps passe t-il d’un stress nécessaire à un stress néfaste à son équilibre ?
La réponse se trouve dans la « théorie du syndrome général » de Selye qui évoque les 3 étapes de réactions au stress. La première est une étape initiale, rapide pour permettre une réaction du corps immédiate qui consiste accélérer le rythme cardiaque, à libérer des nutriments pour actionner les muscles, à accélérer instantanément la respiration et des réflexes...Si le stimulus se maintient, la deuxième étape s'enclanche. C'est une phase de résistance. L'organisme s'adapte à l'agent stressant qui se prolonge, les hormones rentrent en jeu pour permettre une augmentation du taux de la glycémie nécessaire à l'organisme, au cœur, au cerveau, aux muscles. Quand à la troisième étape, phase d'épuisement est le seuil où l'organisme cesse d'être en mesure de s'adapter au stimulus provoqué par l'agent stressant. Elle correspond à un état de stress chronique dans lequel le cerveau est saturé et ne peut plus assurer la régulation.
Elle se trouve, par ailleurs, dans la théorie de lutte et fuite associée à la réaction alarme du syndrome général d’adaptation. Décrite pour la 1er fois par le physiologiste américain W.B Cannon, cette théorie explique que la réaction animale face aux menaces accompagnées d’une décharge générale du système nerveux orthosympathique (07) engage l’animal à un combat ou une fuite (08). La réaction d’un chat effrayé traduit parfaitement ce phénomène ; les pupilles se dilatent, l’estomac et l’intestin sont inhibés, le cœur bat rapidement, les poils du dos et de la queue sont dressés – tous ces signes de décharge nerveuse des voies sympathiques préparent l’organisme à l’action de lutte ou fuite.
Cependant, si un individu se focalise trop longtemps sur une situation stressante ou d’urgence, toute son énergie, sa concentration et ses mécanismes vitaux seront principalement mobilisés pour faire face. A terme, le corps tombe dans la phase d’épuisement.
La gestion du stress par les individus
Les systèmes décrits ci-dessus expliquent comment notre physiologie et nos comportements sont impactés par le stress. Dans ces mécanismes se trouve une notion fondamentale, que tous les auteurs ont reconnue; c’est l’extrême diversité individuelle des réponses de stress, quels que soient les paramètres envisagés: seuil de réponse, modalités réactionnelles, conséquences physiopathologiques.
Walter B. Cannon note que le seuil de rupture entre adaptation et stress est spécifique de chaque organisme, en fonction non seulement de sa constitution mais aussi de son état physiologique et de sa condition du moment. Hans Selye parle de "facteurs conditionnants". (9)
Dans le cadre d’une conception psychophysiologique du stress, la réponse adaptative est progressivement comprise comme le résultat d’une interaction « individu - environnement » dépendante des caractéristiques propres à chacun. La prise en compte de ces caractéristiques individuelles est à la base du thème fondateur de la psychologie de la santé.(10) Interdisciplinaire par excellence, ce concept médical du stress s'est installé dans la recherche en psychologie, à la faveur d'une certaine parenté avec celui de l'émotion. Il s'est développé autour de deux grands axes : le premier se situe dans les années soixante avec l'impulsion donnée par Lazarus sur l'étude des processus d'accommodation (coping processes) présenté dans le modèle de stress transactionnel (11), le second, dans les années soixante-dix avec l'accent mis sur les événements stressants de la vie, stressful life-events (Dohrenwend, 1974).(12)
Le modèle de stress transactionnel de Lazarus part du principe que la réaction aux agents stresseurs externes est déterminée significativement par les pensées, les jugements et les notations de l’individu d’une situation déterminée du moment. Le stress survient quand une personne est confrontée à des demandes qu’il évalue comme excédant ses propres ressources pour les maîtriser et ainsi engendre un déséquilibre.
Le Stress et la kinésiologie
La kinésiologie intervient dans ces moments où vous vous sentez déstabilisé, pris en tenaille ou prêt à exploser.
Elle prend en compte votre individualité et les agents stressants spécifiques à votre histoire. Grâce au feed back (retour) du test musculaire, il est possible de chercher les causes de votre stress (physio, comportements, émotions, jugements, croyances..), d'en comprendre les mécanismes et de libérer l'espace compressé par vos préoccupations, interrogations.
Marie-Pierre Bonet, kinésiologue
(1) Endocrinologue (étude des sécrétions hormonales internes)
(2) Mathieu robert Sauvé
(3) extrait de son livre "le stress de la vie"
(4) Clémence Ruelle, « L’origine de la notion de stress : le modèle de Hans Selye et le « syndrome général d’adaptation » », Les éditions Tissot, 21 octobre 2015
(5) W. B. Cannon, « Organization for physiological homeostasis », Physiological Reviews, 1929, 9, 399-431, p. 399. Passage tiré du texte original
(7) systéme orthosympathique ou sympathique ou adrénergique est une des trois parties du système nerveux autonome. Les deux autres sont les système nerveux entérique ( contôle le système digestif) et le système nerveux parasympathique, déclenchant la plupart du temps des réponses antagonistes au système nerveux orthosympatique, wikipédia système nerveuxsympathique
(8) réponse combat-fuite, Wikipédia
(9) https://www.mormede.com/page-d-accueil-homepage/le-concept-de-stress/psychobiologie-de-l-adaptation/
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